La cruauté humaine

J’ai jamais autant eu d’appréhension en abordant un sujet. Il faut dire qu’en matière de cruauté humaine, l’homme a toujours su exceller. Ce n’est pas la matière qui me manque pour cette chronique.

LES ORIGINES DU MAL

Dans l’ensemble de la biodiversité, peu d’animaux s’entretuent. S’ils le font, c’est avant tout pour survivre et s’imposer à leur groupe. Mais si l’on ajoute à cette idée la notion de plaisir, une seule espèce en est malheureusement capable : l’homme.

J. Anthony Foudre résume bien cela en disant « Les animaux sauvages ne tuent jamais par sport, l’homme est la seule créature pour qui la torture et la mort de ses semblables est une distraction ».

L’homme s’est imposé aux autres espèces en maîtrisant le feu, mais il a aussi fait du feu moyen de défense un feu pour attaquer. « Un feu dévore un autre feu » pour reprendre Hervé Bazin. On dit que parmi les premiers symptômes de la psychopathie il y a la torture et le meurtre de petits animaux. Après tout, l’homme préhistorique passait son temps sur la défensive, à l’affût d’une éventuelle menace. Il chassait pour ne pas être chassé. Et si les perpétuelles tueries que nous avons connues étaient ancrées dans nos gênes depuis des millénaires. Cet esprit de chasser, de traquer et de faire du mal aux êtres « inférieurs » ? Que les tueurs et les terroristes seraient inconsciemment dotés d’un esprit primitif. Même si aucune étude scientifique n’a prouvé qu’il y avait un lien entre la violence et le niveau d’instruction.

Dans un moment de faiblesse, on peut se faire manipuler et endoctriner par des personnes malvoyantes. Que ce soit dans un parti nazi ou dans une secte, le « gourou » et ses idées semblent être sur le moment le seul moyen d’échapper à la réalité. Hitler est arrivé au pouvoir légalement ! En se replaçant dans le contexte, à savoir une période de récession (suite au Krach de 29) et de famine, le peuple allemand a vu en cet homme la solution à leur problème, un moyen d’être apaisé.

La cruauté est définie comme le plaisir que l’on éprouve à faire souffrir ou à voir souffrir. Les JT sont donc les recueils de la cruauté humaine, ils racontent les plus sombres noirceurs de l’homme. Guerres, émeutes, ségrégations, génocides, la langue française est trop pauvre pour pouvoir tous les raconter. Mais à chaque fois un groupe ethnique minoritaire en paye un lourd tribut. Dans un monde où la loi du plus fort prône toujours, l’homme n’a pas évolué. Il est resté au paléolithique. Il se cloisonne à frapper sur ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Aimer et haïr sont ses seules possibilités.

L’humain opprimé se bat pour survivre à l’oppression, il se débat comme il peut. Nietzsche disait que « l’individu a toujours dû lutter pour ne pas se faire écraser par les membres de la tribu ». On peut lutter de différentes manières, plus ou moins pacifiques. La diplomatie, l’attaque ou la fuite. Fuir n’est pas forcément une preuve de laxisme, et prendre les armes n’est pas forcément une preuve de courage. Puisque c’est d’actualité, est-ce que les migrants affluant de Syrie sont lâches de quitter leur pays ? Doit-on faire preuve d’empathie ?

Rester et mourir ou mourir en partant ? Ils ont dû traverser des pays, se cacher la peur au ventre, rêver puis cauchemarder, espérer avant de déchanter. On veut que nos enfants soient notre avenir, pas qu’ils soient sans avenir. Selon moi, il est normal de vouloir s’en sortir, de chercher à se sortir de sa misère (en Occident on appelle aussi cela l’échelle sociale). Même si cela n’est pas de l’avis de tout le monde. J’ai récemment parlé avec des personnes réticentes à l’arrivée de migrants, outragées au plus haut point, il s’agissait de racistes.

Selon le journal Le1 (que je vous invite à lire), les personnes votant pour les partis d’extrême droite seraient les « personnes les moins diplômées, au chômage, dont les revenus sont les plus faibles et celles qui s’occupent seules de leurs enfants ». Il y a donc une corrélation entre le niveau d’instruction et le niveau social d’une personne, et les idéologies et orientations politiques qu’elle pourrait soutenir.

UN BESOIN IRRÉPRESSIBLE

Pour certains, l’homme a un besoin irrépressible de vouloir faire la guerre. Par les guerres, des Nations ont vu le jour et ont péri. Notre Histoire repose sur ces affrontements. En évoluant, l’homme a acquis une conscience. Et lorsque sa conscience ne va pas dans le même sens que celle de son voisin, il y a conflit. Les guerres de religion sont l’exemple type de la volonté d’imposer sa vision des choses. Qu’elles soient chrétiennes-protestantes ou sunnites-chiites, ces guerres d’intérêt (qui se sont déroulées sur plusieurs siècles) ont décimé des familles entières. Il est important de rappeler qu’on est avant humain avant d’être une religion ou un citoyen de tel pays.

Le pire dans tout cela, c’est que pour imposer une paix, nous n’avons nul autre choix que d’avoir recours à la force. Cela fait longtemps que la paix n’est plus pacifique. Et quand bien même nous intervenons, sommes-nous les mieux placés pour savoir ce qui est juste ? Lorsqu’en 2003 les Américains ont envahi l’Irak et ont donc mis fin à la domination sunnite, les chiites ont pris la tête du pays. N’avons nous pas accentué la haine entre les deux branches de l’Islam ?

Puis, il ne faut pas oublier que pendant la Guerre froide on a bien failli faire exploser la planète à plusieurs reprises. Coluche disait que « l’horreur est humaine », moi je dis que l’homme est une erreur. Autre exemple. L’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand en 1914. Cela a été le prétexte de mettre en place un militarisme accru et de déclarer la Première Guerre mondiale. Les hommes (n’ayant jamais connu l’atrocité d’une telle guerre) étaient pressés de partir au front. L’homme, au fond de lui, a toujours voulu faire la guerre. Il n’y a qu’à regarder les enfants jouant aux petits soldats avec leurs Action Man. Ils entretiennent leurs instincts primitifs de chasseur.

L’homme refait toujours et encore les mêmes erreurs. Il est donc peu probable que cela change à l’avenir.