L’inspiration

Après avoir patienté plusieurs dizaines de minutes, face à une page blanche Word, je me demandais ce que je pourrais bien vous raconter aujourd’hui… Puis, mon problème devint la solution : parlons de l’inspiration.

 

Qu’est-ce que l’inspiration ?

L’inspiration, c’est cette petite voix qui nous murmure des idées dans le creux de l’oreille. Parfois, on l’entend et on écoute ses bons conseils. À d’autres moments, c’est notre procrastination, imagée ici comme un casque visé sur notre tête, qui rend imperméable la discussion.

On parle souvent de l’inspiration comme un souffle créateur. En s’approchant de nous pour nous susurrer son apophtegme, on peut sentir le souffle chaud et réconfortant de la petite voix. Elle nous insuffle bien des choses en somme, avant de s’évanouir, entièrement essoufflée par son dur labeur.

Qu’est-ce qui t’inspire, John ?

Deux choses peuvent nous donner envie de nous exprimer : les bonnes et les mauvaises nouvelles. Une discussion intéressante avec un proche, la beauté d’une scène du quotidien, un vin chatoyant, une pensée admirable ou un livre pénétrant sont autant de choses qui peuvent agréablement me faire réagir, et m’amener à interagir avec mes semblables.

Aux antipodes de la bonhommie, l’injustice, la bêtise humaine ou une information qui me fait me sortir de mes gonds, et l’envie irrépressible d’exprimer mon avis m’envahit. Je suis d’ailleurs en train de vous préparer une nouvelle « Chronique d’un enfant désabusé » dans laquelle je ne mâcherai pas mes mots et qui ne passera pas sous Les Fourches caudines.

D’ordinaire, j’ai besoin d’avoir l’esprit torturé pour écrire. Pendant longtemps, je fuyais le bonheur pour me maintenir dans un état de créativité absolu. Le spleen arrosait alors ma plume comme les rayons du soleil épousent les feuilles d’un ficus.

Un jour, une écrivaine m’a raconté qu’elle n’écrivait que lorsqu’elle allait bien. En somme, elle fixait la page blanche quand elle broyait du noir. Et j’avais constaté, à son impressionnante bibliographie, qu’elle semblait heureuse. À la poursuite du bonheur, on se raconte des histoires et on s’applique à la mise en scène.

La sortie d’un livre est pour moi l’achèvement d’une torture, l’expression d’une bête noire dont l’encre coule à flots sur l’océan du désespoir.

 

Quel cadre t’inspire ?

Un cadre IKEA en bois 21 par 30cm fera l’affaire… Revenons à nos moutons anti-prosaïques. Pour amplifier mon inspiration, j’ai besoin d’un cadre. Détestant les gens, il est inconcevable pour moi d’écrire dans un lieu public. À mort les bobos-arrivistes qui s’extasient à l’idée de gratter du papier dans un café. Moi, j’ai besoin de calme et de solitude.

Je décris depuis plusieurs années le cadre idéal de cette façon : un soir (j’ai horreur de la lumière du jour) où il pleut, j’ouvre ma fenêtre et au loin entends la ville entrer dans la nuit. Je reste un instant à contempler ce paysage sonore, puis j’ouvre une bonne bouteille de Bordeaux. Je lance une playlist de musiques où Erik Satie règne en maître incontesté. Je m’assieds ensuite à mon bureau et ouvre un nouveau document sur Word. C’est alors que la magie opère. Les mots s’emparent de mon clavier et le chaos et le désordre deviennent alors une symphonie. Les rangs se forment et les paragraphes gagnent du terrain.