La St-Valentin

Après avoir fait les louanges du nazisme, je pense qu’il est l’heure de se mettre à dénigrer. Et le calendrier a voulu que cela se fasse en février.

l était temps pour moi d’actualiser ma chronique sur la Saint-Valentin, et par la même occasion augmenter légèrement le niveau.

Je vous préviens tout de suite, ça fait un moment que je n’ai pas écrit, je sens que cet article va être sans pitié! Mention spéciale à toutes les saintes nitouches et les fils de putes de moins de 18 ans: accord parental indispensable.

« Perdre quelqu’un qu’on a aimé est terrible, mais le pire serait de ne pas l’avoir rencontré ». Quelle connerie. Pour certains, ces paroles font monter l’émotion, pour d’autres, ça fait juste remonter le repas de ce midi. Marc Lévy sait cultiver la naïveté des perdus de ce monde, surtout en ces temps de niaiserie sociale pseudo-sentimentale, qu’on appelle la Saint-Valentin.

Je n’ai rien contre les Saints, peu importe l’orthographe qu’ils prennent: le sain de la propreté ou le sein que je ne saurai voir. Mais lorsque ce mot est accolé à celui de « Valentin », il a le don de me hérisser les poils! Certains s’imagineront que je ne pleure jamais, même en épluchant un oignon, ou que je libère autant d’émotion qu’un Dalek, et ils n’auront pas totalement tort.

Synonyme de célébration, c’est soi-disant l’occasion de crier au monde entier l’amour que l’on a pour sa moitié. L’amour se résumerait-il à un repas, une rose à 10.-, un bijou, des bisous, et puis une turlutte bon marché? C’est donc ça l’utopie sentimentale qu’on cherche à nous vendre un 14 février? 

Ce jour-là, il se passe des choses étranges qui ne se passent pas le reste de l’année. Les fleuristes sont ouverts après 19 heures, sans qu’une horde de socialistes hétérocurieux scande au complot libéral. Dans les magasins, des bandes de mecs choisissent en meute des peluches rouges en forme de coeur, sans que cela ne paraisse bizarre. On croirait rêver. Il y a plus de virilité à la GayPride que dans ces rayons. En groupe, ils arpentent sans gêne les linéaires de lingeries et de cosmétiques. Un peu déboussolés, tout de même, ils se regardent entre eux, comme pour chercher du regard de l’aide. Ils testent les parfums, reniflent les crèmes, ils se dévoilent. Métrosexuels sans être homos, ce n’est pas moi qui vais les prendre au mot.

Naïf est celui qui choisira d’offrir un vêtement à sa dulcinée. Masochiste sur les bords, il comprendra vite sa douleur. Si le vêtement est trop grand, elle dira qu’il la voit trop grosse ; et si le vêtement est trop petit, elle se dira alors qu’elle est trop grosse. Dans les deux cas, le résultat est à l’image de l’amour: une déception.

En règle générale, la poufiasse de base recevra selon son incrédulité: des fleurs, des chocolats ou un bijou. Le temps, les kilos en trop ou la cupidité: trois raisons d’aller voir ailleurs ou de se désaimer.

Les couples ne savent pas où ils vont. Ils sont dans le flou. C’est pour cela qu’ils se tiennent la main lorsqu’ils marchent dans la rue. Ils ont peur de se perdre. Ce spectacle est aussi minable que l’état de ton père après cinq shots. Ils ont l’air unis, me direz-vous? Non! S’il a la main sur le coeur, c’est pour mieux lui mettre au cul. Ils font aussi bien la paire (et pas que de fesses) que le Sida et une trithérapie.

Il n’y a jamais eu autant de pédophiles devant les écoles qu’un 14 février. Comme un mec avec des fleurs, ils corrompent les enfants avec des friandises. Ils en ont les bourses pleines. Je plains Michel Fourniret pour qui le passage à la boulangerie devait être un véritable casse-tête, logistique et financier. Mais après tout, quand on aime on ne compte pas.

Ce n’est pas seulement un jour difficile pour les petites filles, ça l’est aussi pour les radins. Certains revendiquent une volonté anticapitalistique « c’est qu’une fête commerciale chérie » et d’autres vont plus loin en larguant leur copine le 13 février prétextant devoir « faire le point » sur le couple, pour finalement revenir leur révélation deux jours plus tard. Ce manche à couilles ne mérite pas le pardon de sa belle, qui veut mater sa bête à la manière de 50 nuances de Grey.

Petit aparté sur ce « film » qui n’est autre qu’un prétexte pour parler de sexe dans les médias et pour émoustiller les tensions endémiques de la libido de certaines. Les nymphomanes refoulées ont mis la main au porte-monnaie à défaut de les avoir mises ailleurs. Je préfère vous prévenir, avec plus d’un million d’exemplaires cumulés l’an dernier, je ne suis pas en mesure de passer sur ce sujet de la société. Déjà, d’aspect global, il y’a même un petit côté sadomasochiste chez les personnes qui achètent ces bouquins. Trois tomes, 500 pages en moyenne par livre, il faut le vouloir. Ou rien n’avoir de mieux à faire le soir dans son lit. Mille cinq cents pages d’obscénités et de grossièretés écrites par une femme, c’est un « chef d’œuvre ». Un mec qui en ferait autant passerait pour un obsédé.

Ces dernières années, la femme a découvert le concept le plus anxiogène du XXIe siècle: le féminisme. Elles rêvent secrètement de revivre mai 68. Laissez-moi rire. À l’époque, des femmes s’étaient battues pour défendre leurs droits. Le droit de vote féminin est apparu pour que leurs filles aient un jour la chance d’avoir un espoir. Double illusion bercée d’espérance. Voyez ce qu’elles en ont fait de ces droits… si aujourd’hui elles enlèvent leurs soutiens-gorges, c’est uniquement pour finir les jambes écartées à l’arrière d’une Renault Clio. Convictions versatiles. Qu’auraient dit les femmes d’y a 50 ans si elles avaient vu celles d’aujourd’hui? Je pense qu’elles auraient été pour l’IVG. L’IVG, c’est le seul acronyme qu’une fille de 15 ans connaît en 2017.

Et je ne vous parle même pas des célibataires qui fêtent leur médiocrité entre eux. Ils se soutiennent et s’encouragent. Leur soirée ressemble à une réunion d’alcooliques anonymes, sans anonymat. Ils cherchent à noyer leurs problèmes dans l’alcool, mais, depuis le temps, ils ont appris à nager les problèmes, contrairement à eux ramant toujours pour trouver l’âme soeur. Ces soirées entre célibataires leur évitent d’être seuls à se demander pourquoi ils ne sont pas désirables ou que leur présence évoque spontanément une ode à l’ennui ou à l’infidélité.

Il y a aussi toutes ces vieilles filles qui disent vouloir finir leur vie avec leur chat. Épargnez ce supplice à ce pauvre animal inoffensif, puisqu’aucun homme en a pas voulu. Et puis, il y a de grandes chances que le chat lui aussi se sauve à la moindre occasion.

Enfin, la Saint-Valentin est devenue la fête des sondages. Des enquêtes sont menées sur l’amour, sur le sexe, sur la consommation, sur la politique et sur à peu près tout ce qui peut donner lieu à la promotion de tel ou tel produit. La branlette marketing dans toute sa splendeur. 55% des personnes en couple se font un cadeau, mais seulement 18% d’entre elles apprécient cette fête. On peut donc en déduire qu’il y a 37% de personnes frustrées et soumises.

Vous voulez d’autres stats? En voici! 

  • 45% des femmes mariées ont déjà été infidèles ; 
  • 1 père sur 30 élève l’enfant d’un autre sans le savoir, l’amour est aveugle après tout ;
  • 1 femme sur 30 a le chlamydia (infection sexuellement transmissible). Étonnant, non?

Pour conclure tout en finesse, je dirais que l’amour est comme une gastro: ça peut parfois nous prendre aux tripes, mais ça finit toujours par nous faire chier.

Célébrons l’amour qu’il dure une nuit, trois ans ou toute une vie: tout dépend finalement de notre volonté à vouloir le préserver.