Le silence

Le silence. Omniprésent par son absence. On le redoute et on le déteste. On le haït à tel point qu’on cherche tout le temps à le combler et faire disparaître ce « malaise » qui s’est installé.

Chez moi, seul devant ma feuille de papier, le silence règne. Il est le maître de l’univers, le souverain de mon monde en cet instant.

Seul le tintement de la pendule réglée comme un coucou suisse vient nuire au silence absolu. Sans ce silence, je ne remarquerai en aucun cas ce bruit infernal du temps qui passe.

De manière intemporelle, le silence est passé, présent et futur. Son emprise ne cesse de s’accroître au fil des secondes. Les urbains détestent l’absence de bruit, bien que pour les campagnards ce soit plutôt l’absence de silence régnant en ville, qui les terrifie. Les urbains détestent le bruit, ça les interpelle, ne les rassure en aucun point et leur donne des acouphènes. Le silence devient alors un bruit gênant.

Après quelques instants de répit, tout redevint dans l’ordre à la maison. Le silence, un rien entre deux touts. Quelqu’un fait irruption dans la pièce, le silence s’éclipse alors sans dire au revoir, aussi rapidement qu’il s’est installé. Et on ne peut dire quand il reviendra sonner à notre porte. Ce moment délectable pour nos sens où tout est en suspension.

On dit parfois « être réduit au silence » quand on cherche par tous les moyens possibles à faire taire quelqu’un, à enterrer ses propos. C’est là le côté funeste du silence. Comme habillé de noir, il revêt parfois son costume le plus sombre pour réduire au silence les personnes faisant du bruit. La liberté d’expression est l’expression d’une liberté. Les rôles s’inversent. La parole joue alors le rôle du héros et le silence celui du méchant. Une arme silencieuse. Quel drôle de nom ?Toutes les armes sont silencieuses. Parce qu’elles amènent avec elles le néant, le vide et le froid : la mort. État suprême du silence.

C’est pour cette raison qu’on s’exclame à chaque fois qu’un blanc survient : « un ange passe ».